Régionales : « On va boire pour oublier… » Les macronistes encaissent une nouvelle déroute électorale

REPORTAGE « 20 Minutes » a suivi les résultats des élections régionales avec les militants de La République en marche, rassemblés à Paris pour soutenir la liste macroniste en Ile-de-France

Laure Cometti
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Laurent Saint-Martin, tête de liste LREM en Ile-de-France, le 20 juin 2021 à Paris.
Laurent Saint-Martin, tête de liste LREM en Ile-de-France, le 20 juin 2021 à Paris. — L. Cometti /20 Minutes
  • Après les élections municipales en 2020, le parti présidentiel a connu une nouvelle déroute électorale ce dimanche au premier tour des élections régionales et départementales.
  • La République en marche est éliminée dans les Hauts-de-France, en Auvergne-Rhône-Alpes et en Occitanie, et fait à peine à plus de 10 % dans les autres régions.
  • En Ile-de-France, les marcheurs réunis autour de la tête de liste Laurent Saint-Martin ne cachent pas leur déception, même si leur liste se maintient au second tour.

« Belle métaphore, ça prend l’eau de partout », se désole un militant de La République en marche, les yeux rivés vers l’écran géant. Tandis que les premiers résultats des élections régionales défilent au compte-goutte sur les smartphones, des images des orages violents qui ont balayé la France ce dimanche sont diffusées dans l’élégante salle du 2e arrondissement de Paris où les macronistes organisent leur soirée électorale.

Tous les résultats à retrouver sur notre site

Malgré l’implication d’une quinzaine de membres du gouvernement dans la campagne, LREM, en mal d’implantation territoriale, enregistre une nouvelle déception dans les urnes après les élections municipales il y a un an. En outre, la majorité est tenue responsable par l’opposition de l’abstention record et des couacs dans la distribution des documents électoraux.

Eliminés dans trois régions

Sous la pluie qui redouble sur la verrière, les mauvaises nouvelles tombent au fil de la soirée. Dans trois régions, LREM est éliminé dès le premier tour : en Occitanie, en Auvergne-Rhône-Alpes et dans les Hauts-de-France, où cinq ministres figurent sur les listes, dont les tonitruants Eric-Dupond-Moretti (Justice) et Gérald Darmanin (Intérieur).

Partout ailleurs, LREM dépasse à peine la barre des 10 %, seuil minimum pour se qualifier au second tour, et perd l’espoir de « jouer les faiseurs de roi », comme l’envisageaient les cadres du parti. Il n’y a qu’en Bourgogne-Franche-Comté et en Bretagne que la majorité peut tenter de jouer les arbitres au second tour en faisant des alliances.

Des militants déçus

A côté du buffet, bien garni, des sympathisants de LREM rient un peu jaune. « On va boire pour oublier… » Comme il faut bien trouver des raisons de se réjouir, certains soulignent le score du Rassemblement national, « plus faible que prévu », relève Romain*, jeune sympathisant de la majorité.


Même les ministres Modem ne parviennent pas à sauver les meubles : Marc Fesneau et Geneviève Darrieussecq sont qualifiés en Centre-Val-de-Loire et en Nouvelle-Aquitaine, mais leurs scores ne laissent guère d’espoirs pour le second tour.

Peu après 20 heures, un soulagement teinté d’amertume se propage dans la salle parisienne : le député Laurent Saint-Martin obtientenviron 12 % des suffrages en Ile-de-France, un score décevant compte tenu du renfort apporté par les cinq membres du gouvernement présents sur ses listes, dont la très médiatique Marlène Schiappa.

Remise en question en vue au parti

La tête de liste francilienne se fend ensuite d’un discours très bref devant quelques militants et journalistes, appelant « à un sursaut républicain » des électeurs dimanche prochain, et annonçant son maintien au second tour, malgré ses chances réduites à néant de l’emporter face à la présidente sortante Valérie Pécresse.


« Nos résultats sont très décevants, et certainement inférieurs à nos espoirs et aux derniers sondages », reconnaît le député de Paris Gilles Le Gendre, en veste et pantalon en jean. « Nous sommes face à un paradoxe, estime-t-il. Le président a une bonne cote de popularité, il est crédité de bonnes intentions de vote pour 2022, mais le parti présidentiel est faible. » Si Emmanuel Macron a indiqué qu’il ne tirerait pas d’enseignements nationaux de ces scrutins locaux, le parti présidentiel, lui, ne pourra pas s’épargner une remise en question après cette nouvelle déroute dans les urnes.