"Comment parler de démarche qualité à des malheureux qui jouent leur survie et n'ont d'autre choix que de frauder?"

A customer looks at fruit in a store in central London April 12, 2011. British interest rate futures rallied on Tuesday after a shock slowdown in inflation virtually wiped out expectations the Bank of England would raise rates in May and significantly dented the chance of an August hike too. REUTERS/Stefan Wermuth (BRITAIN - Tags: BUSINESS)

L'Express

La grande distribution fait d'importantes marges sur des produits comme le lait, la viande ou encore les fruits et les légumes, selon un rapport publié lundi qui bute encore sur les profits réels réalisés par les distributeurs.

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"Les marges brutes de la grande distribution ont tendance à augmenter", affirme l'économiste Philippe Chalmin, président de l'Observatoire des prix et des marges des produits alimentaires.

Ce dernier souligne que le rapport s'est attaché à établir la marge brute des distributeurs et non pas leur marge nette, faute de disposer des informations nécessaires.

Pour arriver à la marge nette il faut retrancher les charges comme les salaires, le transport, les impôts, les déperditions de marchandises.

Premier rapport de l'Observatoire

C'est le premier rapport de cet organisme, créé en 2010 par la Loi de Modernisation de l'Agriculture et de la Pêche et dont la mission est de décortiquer la formation des prix alimentaires.

L'objectif est de mieux savoir comment se répartissent les marges, une demande pressante du monde agricole qui se sent lésé dans la répartition de la valeur ajoutée.

"Suivant les produits alimentaires, la marge brute de la grande distribution évolue entre 30 et 50%", a déclaréPhilippe Chalmin lors d'une conférence de presse.

L'économiste cite l'exemple du jambon sous cellophane sur lequel la grande distribution réalise une marge brute d'environ 45%.Sur le lait UHT, le beurre en plaquette et l'emmental, la marge brute de la grande distribution a doublé en 10 ans, a encore souligné Philippe Chalmin. En revanche, la marge a tendance à diminuer sur des produits comme le yaourt, a-t-il ajouté.

"Nous avons besoin d'aller plus loin dans la compréhension de certains chiffres qui peuvent paraître relativement élevés", a-t-il reconnu, demandant "plus de transparence" de la part des distributeurs. Et ce d'autant que les agriculteurs sont "rarement rémunérés", y compris avec les aides nationales et européennes, à hauteur du travail réalisé, a-t-il encore souligné.

"Une triste vérité" pour les agriculteurs

Ce rapport "demande à être complété par des informations précises données par la grande distribution, mais il est d'ores et déjà suffisant pour montrer la triste vérité des relations commerciales dans notre pays", selon un communiqué de la Fédération nationale des Syndicats d'Exploitants agricoles, premier syndicat agricole français.

Les distributeurs se sont dit "tout à fait prêts" à communiquer les données pour arriver à la marge nette."Nous avions besoin d'engagements de confidentialité (...) et ces engagements ne nous ont pas été donnés à temps mais pour le prochain rapport, il y aura l'ensemble des éléments", a affirmé Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération des entreprises du Commerce et de la Distribution.

CLCV, association nationale de consommateurs et usagers, a réitéré pour sa part son souhait de voir étudier les marges nettes "pour éclairer de façon plus objective le partage de la valeur".

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