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La consommation d’électricité stagne en France depuis 2011

Les énergies renouvelables ont représenté, en 2014, 20 % de la consommation, plus que le charbon, le fioul et le gaz réunis, selon le bilan annuel de RTE.

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Publié le 27 janvier 2015 à 12h39, modifié le 19 août 2019 à 13h39

Temps de Lecture 3 min.

La centrale de Golfech (Tarn-et-Garonne).

Elle est bien révolue l’époque où la consommation d’électricité ne cessait d’augmenter au rythme de la croissance économique, du déploiement du parc de centrales nucléaires et de l’équipement immodéré en chauffage électrique. Depuis 2011, la demande se stabilise. Elle a même légèrement reculé (– 0,4 %) en 2014 — de 6 % si l’on tient compte d’une météo très clémente —, révèle le « Bilan électrique français » publié mardi 27 janvier par Réseau de transport d’électricité (RTE), la filiale d’EDF gestionnaire des 100 000 kilomètres de lignes à haute tension.

La production française a atteint 540,6 TWh en 2014, en baisse de 1,8 % par rapport à 2013. Barrages hydroélectriques, éoliennes, fermes solaires et centrales biomasses ont assuré 19,5 % de la consommation totale. Et pour la première fois, « la production des énergies renouvelables (hors hydraulique) devance la part de la production thermique fossile », charbon, gaz et fioul, qui recule de 40 %, souligne RTE. L’opérateur explique cette montée en puissance des énergies renouvelables (ENR) par la « clarification du dispositif réglementaire » et « des dispositions économiques plus favorables » en 2014. Elles ont permis d’augmenter de près de 1 900 MW les capacités de production éolienne et photovoltaïque : la première atteint désormais 9 100 MW, encore loin de l’objectif du gouvernement de 19 000 MW en 2020 ; la seconde, 5 300 MW.

Cette montée en puissance des renouvelables est un bon point dans la lutte contre le changement climatique, où la France occupe une position honorable grâce à son parc de 58 réacteurs nucléaires (77 % de la production de courant), dont la production a progressé de 3 % grâce à des arrêts de tranche plus courts. Cet essor, conjugué à la baisse de la demande et au recul de la production thermique fossile, a permis de réduire de plus de 40 % les émissions de gaz à effet de serre du secteur électrique, qui ont atteint 19 millions de tonnes équivalent CO2.

La demande des PMI-PME est en repli

La baisse de la demande est générale. En déclin depuis 2005, celle des grands industriels (hors énergie) se stabilise à un niveau proche de la consommation de 2009, année de récession économique. Mais, pour la première fois, la demande des PMI-PME, des professionnels (artisans, commerçants…) et des particuliers est en repli (– 0,5 %). Une légère inflexion qui reflète certes une activité économique ralentie, « mais également l’effet des mesures d’économie d’énergie déployées depuis plusieurs années », note RTE.

Les échanges aux frontières ont été « particulièrement soutenus » en 2014. La France a exporté 92 TWh et importé 27 TWH. Avec un solde de 65 TWh, elle reste le pays européen le plus exportateur d’électricité, profitant de l’effondrement du prix sur le marché spot, où il est le plus bas derrière l’Allemagne. La France est exportatrice nette vers tous ses voisins (Royaume-Uni, Italie, Espagne, Suisse…), à l’exception de l’Allemagne, qui lui vend plus d’électricité qu’elle ne lui en achète. Un phénomène a beaucoup aidé EDF à exporter : l’indisponibilité de près de la moitié du parc nucléaire belge exploité par Electrabel (groupe GDF Suez), qui a gonflé le solde exportateur vers la Belgique (+ 28 %).

RTE, très actif dans la construction d’un grand réseau européen de transport d’électricité, qui permet de faire jouer les solidarités, d’optimiser les flux et de limiter la construction de nouvelles centrales. « L’utilisation soutenue des interconnexions confirme notamment la nécessité de poursuivre l’adaptation du réseau électrique pour lui permettre de répondre aux enjeux de la transition énergétique engagée en France et en Europe », souligne RTE.

Vers une modification du capital de RTE ?

Est-ce le prélude à une modification du capital de RTE (8 400 salariés), aujourd’hui détenu à 100 % par EDF ? L’entreprise est plutôt en bonne santé. Elle a maintenu, en 2014, son niveau d’investissement (1,374 milliard d’euros) et elle prévoit d’y consacrer encore 1,5 milliard d’euros cette année. Mais depuis trois mois court le bruit d’une ouverture de capital. Au terme de la loi, RTE doit être détenu par des acteurs publics.

L’entreprise a des revenus récurrents avec les droits de transit sur le réseau, et l’opération pourrait intéresser des fonds souverains ou des institutions, comme la Caisse des dépôts et consignations. Autre option : un rapprochement avec un opérateur européen. Des discussions informelles ont déjà eu lieu entre les dirigeants d’EDF et des conseils, a révélé l’agence Bloomberg. A l’Agence des participations de l’Etat (APE), on souligne qu’aucune décision n’a été arrêtée. Rien ne devrait être décidé avant 2016.

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La valeur de RTE est estimée à entre 13 et 15 milliards d’euros. La moitié de ses actifs a déjà été cantonnée dans un fonds destiné à financer le futur démantèlement des réacteurs d’EDF. A quoi pourrait servir le produit d’une cession partielle ? L’Etat, actionnaire à 84,5 % d’EDF, pourrait l’utiliser pour investir dans des secteurs porteurs ou se désendetter lui-même. Mais la maison mère de RTE a aussi besoin d’argent pour moderniser et remettre ses centrales aux normes post-Fukushima. Un « grand carénage » dont le coût est estimé à 55 milliards d’euros d’ici à 2025. Une belle bataille en perspective.

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