Dernière mise à jour : 24 août 2023

Claude Brasseur 6 février 2017 Belgique

Nucléaire ? Éolien ? Voici le coût réel.

« Faisons comme si on ne comparait pas des chèvres avec des choux et comparons le coût du nucléaire au coût de l’éolien. »

Prix de l'électricité éolienne
Le prix des éoliennes tourne autour de 1 million d’euros par MW avant installation et augmente progres-sivement du fait de leur gigantisme croissant qui impose des matériaux de plus en plus chers, de plus en plus rares.

Par Claude Brasseur, mathématicien astronome, chercheur et fondateur d’un centre de recherche sur les énergies renouvelables
brasseurvossen@skynet.be

Les uns disent que l’éolien est LA solution pour l’avenir et qu’il vaut infiniment mieux que le nucléaire, qui serait beaucoup trop cher. Les autres constatent les nuisances éoliennes telles que le bruit, les infrasons, les effets stroboscopiques, la destruction de la nature et de l’environnement… le prix tragique du kWh fourni ! Examinons ces deux sources d’énergie en nous limitant au prix (1).

Claude Brasseur
Claude Brasseur

Comparons l’éolien au nucléaire... même si, à vrai dire, cette comparaison n’a pas de sens puisque le kWh nucléaire est fourni selon nos besoins et que les bouffées de vent apparaissent selon les hasards de la météo et surtout quand on n’en a pas besoin. Et ceux qui prétendent créer une connexion entre pays proches feraient bien de voir les graphiques montrant que le temps est souvent fort semblable partout en Europe. En permanence, entre les bouffées de vent, on doit pouvoir disposer de centrales thermiques pour avoir quand même de l’électricité !

Faisons comme si on ne comparait pas des chèvres avec des choux et comparons le coût du nucléaire au coût de l’éolien.

On estime généralement le coût de l’énergie produite par une centrale nucléaire à 20 €/MWh à la sortie de l’alternateur. Ce montant prend-il bien en compte l’ensemble des éléments ? Pour en juger, nous ne parlerons pas du prototype de 3e génération en construction à Flamanville qui évoque juste la sénilité d’Areva (2). Nous parlerons des centrales de 2e génération qui sont le fleuron de la Belgique et de la France avec de l’ordre de 1 000 MW et une durée de fonctionnement annuel de 8 000 heures, censées rester opérationnelles durant 40 ans. Aux USA ces mêmes centrales sont estimées devoir servir 80 ans et on arrive à une production totale de 640 000 000 MWh. Elles ont coûté environ 3 milliards d’euros. Le prix de production du MWh est de 6 euros.

Il faut être complet, tenir compte des 200 agents en activité permanente pour une centrale nucléaire et aussi des 500 travailleurs concernés par les grands entretiens et qui circulent entre les 58 centrales. Cela donne environ 250 personnes en activité permanente par centrale et un coût de 12 500 000 euros par an à intégrer dans le coût du KWh, soit 1 milliard d’euros sur 80 ans. Nous arrivons à 4 milliards d’euros. Prévoyons le démantèlement de la centrale, même s’il n’y a jamais aucune urgence car elles peuvent dormir pour l’éternité une fois vidées de leur cœur. Evaluons cette opération à 3 milliards, le prix du neuf, et nous voici à 7 milliards arrondis à 8 pour les pièces de rechange et le combustible.

Finalement, EDF produit 640 000 000 de MWh sur 80 ans pour 8 milliards, soit 12,5€/MWh ou 1,25 centime le kWh. Bien sûr, si, pour satisfaire à une idéologie, la centrale est détruite à mi-vie, au bout de 40 ans donc, on arrive plutôt à 2 centimes. CQFD

Pour cent bonnes et mauvaises raisons, ce kWh est payé 14 centimes par le citoyen en France.

Rappelons que les déchets nucléaires les plus gênants à gérer sont le carburant idéal des surgénérateurs en construction un peu partout dans le monde. Ils y seront « brûlés ». La France et la Belgique pourront les acheter à la Chine, la Russie, l’Inde, le Canada puisqu’elles perdent chaque jour un peu plus leurs compétences, compétences que la France offre « gratuitement » aux pays concurrents...

Face au nucléaire, examinons les éoliennes. Leur prix tourne autour de 1 million d’euros par MW avant installation et augmente progressivement du fait de leur gigantisme croissant qui impose des matériaux de plus en plus chers, de plus en plus rares. Ceci pour ne pas augmenter excessivement leur poids qui devrait augmenter comme le cube de leur diamètre alors que leur puissance augmente seulement au carré. Leur production réelle est équivalente à 1 500 heures par an (mesures présentées en permanence au public à Houyet en Belgique) même si la puissance varie sans cesse. On tient compte d’une vie de 15 ans. Notons qu’une éolienne pourrait durer 20 ans mais, comme des primes disparaissent après 15 ans, elle est remplacée par une nouvelle qui permettra d’engranger de nouvelles primes. Le gigantisme croissant oblige de les remplacer totalement, socle compris… et on laisse l’ancien sol à l’abandon. On peut estimer les frais d’installation à 500 000 euros et les frais annuels à 50 000 euros. Cela donne un MWh à 75 euros. Ce prix est en parfait accord avec le prix – ajusté chaque année – garanti par l’État français, qui est de 85 euros/MWh.

Le système permet aux promoteurs d’éoliennes – qui investissent de l’ordre de 1 % du prix de l’éolienne – de récolter jusqu’à 1 000 % de bénéfice net annuel (3).

En conclusion, on voit que le prix de production brut du kWh nucléaire estimé entre 1,25 et 2 centimes est non seulement réel mais peu comparable aux prix de l’éolien. L’éolien coûte 7,5 centimes ou plus (en Belgique, il dépasse souvent 10 centimes) et ce prix est payé pour une production imprévisible, le plus souvent à contretemps, quand on n’en a pas besoin… Et plus il y a d’éoliennes et plus réelle devient cette situation absurde.

(1) Ce texte est un écho au texte de Tanguy Detroz, Nucléaire ? Eolien ? Voici le coût réel... publié par « La Libre Belgique » le 3/2/17 et qui prétend que le nucléaire serait beaucoup plus cher que l’éolien.

(2) Lorsque les « écolos », le ministre belge Nollet en tête, ont appris que le premier ministre anglais, David Cameron, avait accepté de payer 100 euros le MWh – au lieu de 20 ! – pour la production des centrales nucléaires AREVA, leur joie fut grande et, aujourd’hui encore, des personnes comme Tanguy Detroz font des calculs sur base de cette valeur insensée.

(3) Calculs faits sur base de chiffres fournis par différentes entreprises et il faut préciser que les 1 000 % annuels sont exceptionnels. On est le plus souvent proche de 500 %. Les banques et les actionnaires sont heureux avec 6 ou 8 % à la place de 0,1 % accordé au citoyen lambda par les banques.

Par Claude Brasseur - 6 février 2017